29 Septembre 2019
La maison du forgeron
Poème de Jean Sérignac , Poète local Il est une maison ayant perdu son âme Dont les volets sont clos et les murs sans couleur Tous les rosiers sont morts de froid ou de chaleur Et la ronce est partout depuis le triste drame. Un grand portail de fer dévoré par la rouille Grince dans la bourrasque et ce bruit lancinant, Qui semble venir du pas d’un revenant, Intrigue la passant dont le raison se brouille. D’une ancienne tonnelle ombrageant la terrasse Il ne reste aujourd’hui qu’un peu de mauvais bois, Et sous l’effet du vent une tuile parfois Tombe et vient se briser sur le sol d’herbe grasse. L’homme alors se souvient de la belle demeure, Des géraniums fleuris pour le plaisir des yeux Quand jouaient les enfants avec des cris joyeux Autour du forgeron bien avant qu’il ne meure. Une odeur d’échalotes égayait la cuisine Enjambait le fenêtre et gagnait le quartier Tandis que l’apprenti fier de son dur métier Forgeait un soc d’acier pour la ferme voisine Les coups du lourd marteau résonnant sur l’enclume Ou les éclats de vois d’un vieil agriculteur Réclamant en patois son journal au facteur, Distrayait l’écolier qui suspendait sa plume. Mais comme l’artisan victime d’un grand âge Mourut sans que quelqu’un reprenne le flambeau, Sa forge et son soufflet dorment dans ce tombeau Que le temps chaque jour écrase davantage.